Paris-Granville : un chemin de croix ?
Dès la fin du XIX ème siècle la ligne reliant Granville à Paris rentre dans l'histoire internationale des chemins de fer via la catégorie : "accident mémorable".
Depuis cette fameuse arrivée du 22 octobre 1895 le train-train a repris son cours, les passagers ont entre-temps troqué leur identité d'usagers pour celle de client d'une société qui affiche son enseigne de société nationale.
Mais les paradoxes abondent sur cette ligne où certains clients-abonnés sont privés de réservation ce qui les condamnent les jours d'affluence à voyager debout ou assis à même le sol des voitures.
Les familles modestes titulaires de cartes de réduction "Enfant-Famille" ne peuvent s'en prévaloir sur cette ligne. La société nationale ayant décrété que les réductions prévues pour cette carte sociale ne sont envisageables que sur les trains à "réservation obligatoire". Personne ne s'étonne de ces discriminations.
Côté agrément du voyage il est prudent de se munir d'une gourde ou de provisions car aucune restauration ne sera possible pendant les 3 heures ou plus que dure le déplacement entre Paris-Montparsasse et Granville et vice-versa. Des distributeurs existent à bord des trains, mais hors-service depuis plusieurs années. La Compagnie des Wagons Lits censée gérer ces appareils ne répond plus.
Les habitués de cette grande ligne subissent retards et annulations de trains à répétitions. Ces avatars ont hissé l'automne 2009 au niveau des tempêtes mémorables de la côte ouest, sans aucune réelle indemnisation pour les passagers-clients qui rivalisent au jeu du hasard avec les habitués des machines à sous du Casino de la Monaco du Nord.
Elus locaux ou régionaux, responsables de la compagnie nationale ou cheminots observent les conditions de transport des passagers-aventuriers avec une distance théâtrale, certains rêvent même d'avenir radieux avec le mythique TGV, ce train de luxe ayant fait ses preuves dans la désertification de l'aménagement du territoire.